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histoire du roi omar … (aziz, aziza)
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Lorsque j’arrivai à la maison, je trouvai ma pauvre cousine couchée ; ses traits portaient l’indice d’un mal imminent ; mais, en me voyant entrer, elle fit effort sur elle-même pour se lever, et, les yeux mouillés de larmes, elle se traîna jusqu’à moi et m’embrassa la poitrine et me serra longtemps contre son cœur, et me demanda : « Lui as-tu récité la strophe ? » Alors je fus tout confus et répondis : « Ah ! je l’ai oublié. Et la cause en est à cette gazelle brodée sur cette étoffe de soie. » Et je dépliai devant elle l’étoffe et lui montrai la gazelle en question. Alors Aziza ne put se contenir davantage et éclata devant moi en sanglots et, entre ses larmes, elle récita ces vers :

« Ah ! pauvre cœur, dis-toi bien que la lassitude est la règle de tout attachement, et que la rupture est la conclusion de toute amitié ! »

Puis elle ajouta : « Ô mon cousin, pour toute grâce je te prie de ne pas oublier, la prochaine fois, de lui réciter la strophe ! » Je répondis : « Répète-la-moi encore une fois, car je l’ai oubliée à peu près. » Alors elle me la répéta et je la retins bien ; puis, le soir venu, elle me dit : « Voici l’heure ! Qu’Allah te conduise en sécurité ! »

En arrivant au jardin, j’entrai dans la salle, où je trouvai mon amoureuse dans l’attente de ma venue ; et aussitôt elle me prit et m’embrassa et me fit m’étendre dans son giron ; puis, après avoir mangé et bu, nous nous possédâmes dans toute notre plénitude. Et il est inutile de donner le détail de nos ébats