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histoire du roi omar … (aziz, aziza)
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Moïse, de la roche feront jaillir la limpidité d’une source ! »

Et, de fait, ô mon jeune seigneur, comme je lui récitais ces vers, elle me sourit et me dit : « C’est fort bien ! Mais comment as-tu pu réussir cette fois à ne point te laisser vaincre par le sommeil ? » Et je répondis : « C’est la brise de ta venue qui m’a vivifié l’âme ! »

Alors elle se tourna vers ses esclaves et leur fit un clignement d’œil ; et aussitôt elles s’éloignèrent et nous laissèrent seuls dans la salle. Alors elle vint s’asseoir tout près de moi et me tendit sa poitrine et me jeta les bras autour du cou. Et moi, je me jetai sur ses lèvres ; et je lui suçai la lèvre supérieure, cependant qu’elle me suçait la lèvre inférieure ; puis je la pris par sa taille, que je pliai ; et tous deux nous roulâmes ensemble sur les tapis. Alors je me glissai dans l’ouverture délicate de ses jambes et je lui défis toutes ses robes. Et nous commençâmes des ébats mêlés de baisers et de caresses, de pincements et de morsures, de levées de cuisses et de jambes, et de gambades folles à travers la salle. Si bien qu’elle finit par tomber épuisée dans mes bras, morte de désir. Alors cette nuit-là fut une nuit douce à mon cœur et une fête pour mes sens, comme dit le poète :

Joyeuse me fut la nuit et facile et délicieuse entre toutes les nuits de mon destin. La coupe ne se posa pas un instant vide de rougeur.

Cette nuit ! Je dis au sommeil : « Va ! crois-tu donc que mes paupières te désirent ?… » Et je dis aux jambes et aux cuisses d’argent : « Approchez-vous ! »