Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 4, trad Mardrus, 1900.djvu/39

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire du roi omar … (aziz, aziza)
33

Aziza m’obligea à me coucher et se mit à me masser doucement ; et, sous l’influence de ce massage délicieux, je ne tardai pas à m’endormir ; et, à mon réveil, vers le soir, je la trouvai encore assise à côté de moi et qui me faisait de l’air avec l’éventail. Et je vis qu’elle avait dû pleurer tout le temps, car ses habits portaient les traces de ses larmes. Alors Aziza se hâta de m’apporter de quoi manger, et elle me mettait elle-même les morceaux à la bouche, et je n’avais que la peine d’avaler et cela jusqu’à ce que je me fusse repu complètement. Puis elle me donna à boire un bol d’une décoction de jujubes dans de l’eau de roses au sucre, ce qui me rafraîchit parfaitement. Puis elle me lava les mains et me les essuya avec une serviette parfumée au musc et m’aspergea avec de l’eau de senteur. Après quoi elle m’apporta une robe considérablement merveilleuse et m’en vêtit ; et elle me dit : « Si Allah veut, cette nuit sera sûrement pour toi la nuit de tes souhaits ! » Puis, en me conduisant jusqu’à la porte, elle ajouta : « Mais surtout n’oublie pas ma recommandation ! » Je dis : « Laquelle ? » Elle dit : « Ô Aziz ! la strophe que je t’ai apprise ! »

J’arrivai donc au jardin, et, comme les précédentes nuits, j’entrai dans la salle à la voûte cintrée et m’assis sur les riches tapis. Et comme vraiment j’étais bien repu, je regardai les plateaux avec indifférence, et me mis à veiller de la sorte jusque vers le milieu de la nuit. Et je ne voyais personne ; je n’entendais pas un bruit. Alors je commençai à trouver la nuit aussi longue qu’une année ; mais je patientai et attendis encore. Cependant les trois quarts de la nuit