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les mille nuits et une nuit

vais simplement, sans dormir, m’étendre un peu, oh ! le temps de poser un instant ma tête sur le coussin, sans plus ! Mais je ne dormirai pas, oh ! non ! » Et je pris un coussin et m’y appuyai la tête. Mais ce fut pour ne me réveiller que le lendemain au jour ; et je me vis étendu, non plus dans la salle splendide, mais dans une misérable pièce qui devait probablement servir aux palefreniers ; et je trouvai sur mon ventre un os de patte de mouton et une balle ronde et des noyaux de dattes et des grains de caroubes ; et, à côté, deux drachmes et un couteau. Alors, plein de confusion, je me levai et secouai vivement tous ces déchets et, furieux de ce qui m’advenait, je ramassai seulement le couteau et j’arrivai bientôt à la maison, où je trouvai Aziza qui murmurait plaintivement ces strophes :

« Larmes de mes yeux ! vous avez dissous mon cœur et rendu liquide mon corps.

Et mon ami est de plus en plus cruel ! Mais n’est-il point doux de souffrir pour l’ami, quand il est si beau ?

Ô Aziz, mon cousin ! tu as rempli mon âme de passion et creusé en elle des abîmes de douleur ! »

Alors moi, encore tout plein de dépit, j’attirai brutalement son attention en lui lançant une ou deux injures. Mais sa patience n’en fut pas émue et, admirable de douceur, elle s’essuya les yeux et vint à moi et me jeta les bras autour du cou et me serra de force contre sa poitrine, alors que moi j’essayais de la repousser, et me dit : « Oh ! mon pauvre Aziz, je