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histoire du roi omar … (aziz, aziza)
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Prête à me marier, je dois, selon nos usages, garder la maison strictement. Pourtant, écoute-moi bien pour que, de loin, je puisse veiller sur ta réussite, du moment que je ne puis être un trait direct d’union entre elle et toi. Donc, ô Aziz, retourne encore ce soir au même endroit, et surtout résiste à la tentation du sommeil ! Et pour cela évite de manger, car la nourriture alourdit les sens et les amollit. Prends donc bien garde de dormir, et tu la verras venir à toi vers le quart de la nuit. Et qu’Allah t’ait sous sa protection et te défende contre les perfidies ! »

Alors moi je me mis à faire des vœux pour que la nuit vînt plus tôt. Et lorsque je fus sur le point de sortir, Aziza m’arrêta encore un instant pour me dire : « Et je te recommande, avant tout, lorsque la jeune fille t’aura accordé la satisfaction de tes désirs, de ne pas oublier de lui réciter la strophe que je t’ai apprise. » Et moi je répondis : « J’écoute et j’obéis ! » Puis je sortis de la maison.

En arrivant au jardin, je trouvai, comme la veille, la salle magnifique illuminée et, dans cette salle, de grands plateaux chargés de mets, de pâtisseries, de fruits et de fleurs. À peine l’odeur des fleurs et des mets et de toutes ces délices m’eut-elle attendri les narines, que mon âme ne put se contenir, et j’obéis à son désir et je mangeai mon plein de chaque chose et je bus à même le grand pot vernissé ; et comme il plaisait extrêmement à mon âme, j’en bus encore jusqu’à la dilatation complète de mon ventre. Alors je fus content. Mais bientôt mes paupières battirent ; et pour lutter contre le sommeil j’essayai de les ouvrir avec mes doigts, mais en vain. Alors je me dis : « Je