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histoire de ben-bekar et de schamsennahar
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rêta et me força à entrer avec elle dans ma maison. Alors moi, malgré tout, je me mis, sans savoir encore rien, à pleurer avec elle énormément. Puis je lui dis : « As-tu alors appris la triste nouvelle ? » Elle me répondit : « Laquelle, ya Amin ? » Je lui dis : « La mort d’Ali ben-Bekar ! » Et, comme je la voyais pleurer davantage, je compris qu’elle n’en savait encore rien, et je la mis au courant, tout en poussant, de concert avec elle, de gros soupirs.

« Lorsque j’eus fini, elle me dit à son tour : « Et toi, ya Amin, je vois bien que tu ne connais guère mon malheur ! » Et je m’écriai : « Schamsennahar aurait-elle été mise à mort par ordre du khalifat ? » Elle répondit : « Schamsennahar est morte, mais non point comme tu pourrais le supposer ! Ô ma maîtresse ! » Puis elle s’interrompit pour pleurer encore un peu, et me dit enfin : « Écoute donc, Amin !

« Lorsque Schamsennahar, accompagnée par les vingt eunuques, fut arrivée en présence du khalifat, le khalifat d’un signe renvoya tous ceux-là, puis s’approcha lui-même de Schamsennahar et la fit s’asseoir à côté de lui et, d’une voix empreinte d’une bonté admirable, lui dit : « Ô Schamsennahar, je sais que tu as des ennemis dans mon palais, et ces ennemis ont essayé de te nuire dans mon esprit en déformant tes actes et en me les présentant sous un aspect indigne de moi et de toi ! Sache bien que je t’aime plus que jamais, et, pour le mieux prouver à tout le palais, j’ai donné des ordres pour faire augmenter ton train de maison et le nombre de tes esclaves et tes dépenses ! Je te prie donc de ne plus