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les mille nuits et une nuit

contre terre : « Ô calamité ! mon fils serait-il mort ? »

« Alors moi, je baissai les yeux et ne pus prononcer un mot. Et je vis la pauvre mère, étouffée par les sanglots, s’évanouir complètement. Et moi, je me mis à pleurer toutes les larmes de mon cœur, tandis que les femmes remplissaient la maison de cris épouvantables !

« Lorsque la mère d’Ali put enfin m’entendre, je lui racontai les détails de la mort et je lui dis : « Qu’Allah reconnaisse l’étendue de tes mérites, ô mère d’Ali, et t’en rémunère par ses bienfaits et sa miséricorde ! » Alors elle me demanda : « Mais ne t’a-t-il pas fait quelques recommandations à transmettre à sa mère ? » Je répondis : « Mais certainement ! Il m’a chargé de te dire que son seul souhait était que tu fisses transporter son corps à Baghdad ! » Alors elle se remit à fondre en larmes, en se déchirant les vêtements, et me répondit qu’elle allait tout de suite se rendre dans l’oasis avec une caravane pour ramener le corps de son fils.

« Et de fait, quelques instants après, je les laissai tous à leurs préparatifs de départ et je regagnai mon domicile en pensant en mon âme : « Ô Ali ben-Bekar, malheureux amant, quel dommage que ta jeunesse ait été fauchée dans sa floraison si belle ! »

« Et j’arrivai chez moi de la sorte et je mis la main à ma poche pour en retirer la clef de la porte, quand je me sentis doucement toucher le bras, et je me retournai et j’aperçus, vêtue d’habits de deuil, et le visage bien triste, la jeune confidente de Schamsennahar. Alors je voulus m’enfuir ; mais elle m’ar-