Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 4, trad Mardrus, 1900.djvu/330

Cette page a été validée par deux contributeurs.
324
les mille nuits et une nuit

cette mosquée, car vous devez avoir faim et soif ! » Et il nous obligea à l’accompagner à sa maison, où le prince Ali n’arriva que pour s’étendre sans souffle sur les tapis ! Et alors, du loin, venant avec la brise qui soufflait dans l’oasis à travers les palmiers, une voix de quelque pauvresse se fit entendre qui chantait plaintivement ces vers tristes :

« Je pleurais en voyant s’approcher la fin de ma jeunesse ! Mais j’étanchai bientôt ces larmes pour ne pleurer plus que la séparation de l’ami !

Si le moment de la mort est amer à mon âme, ce n’est point qu’il soit dur de quitter une vie d’alarmes, mais c’est de m’en aller loin des yeux de l’ami !

Ah ! si j’avais su que le moment des adieux fût si proche et que je serais pour toujours privé de mon ami, j’aurais emporté avec moi, comme provision du chemin, un peu du contact de ses yeux adorés ! »

« Or, à peine Ali ben-Bekar avait-il commencé à entendre ce chant qu’il releva la tête et se mit à écouter, hors de lui. Et quand la voix se fut éteinte, nous le vîmes soudain retomber en poussant un grand soupir : il avait expiré…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade, voyant apparaître le matin, se tut discrètement.