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histoire du roi omar … (aziz, aziza)
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Si je pouvais, ah ! si je pouvais, amour, te prendre dans mes bras, comme l’amant sur sa poitrine emprisonne la tête de sa bien-aimée !…

Oh ! adoucir à ton haleine l’amertume de ce cœur qui dans la douleur se plonge !…

Toi parti, ô Aziz, que me restera-t-il des joies de ce monde et quel goût désormais trouver à la vie !…

Ah ! qui me dira si le cœur du bien-aimé est comme mon cœur, liquéfié de la chaleur d’amour et de sa flamme !… »

Mais, en me voyant, Aziza se leva vivement en essuyant ses larmes et me reçut avec des paroles de toute douceur et m’aida à me débarrasser de mes vêtements qu’elle renifla à plusieurs reprises pour me dire : « Par Allah ! ô fils de mon oncle, ce ne sont vraiment pas là les parfums que laisse sur les habits le contact d’une femme amoureuse ! Raconte-moi donc ce qui s’est passé. » Et je me hâtai de la satisfaire. Alors son visage devint fort soucieux, et elle me dit sur un ton effrayé : « Par Allah ! ô Aziz, je ne suis plus tranquille à ton sujet, et j’ai bien peur maintenant que cette inconnue ne te fasse éprouver de grands désagréments. Sache, en effet, que le sel posé sur ta peau signifie qu’elle te trouve très fade, toi, un amoureux si passionné, de t’être laissé vaincre par le sommeil et la fatigue ; et le charbon signifie : « Puisse Allah te noircir le visage ! ô toi dont l’amour est mensonger ! » Ainsi donc, mon Aziz bien-aimé, cette femme, au lieu d’être gentille pour son hôte et de le réveiller doucement, l’a traité avec ce mépris et lui a fait ainsi savoir qu’il n’était bon qu’à