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histoire de ben-bekar et de schamsennahar
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dépouiller. Et les brigands nous prirent nos bêtes avec toutes leurs charges et nous enlevèrent même les vêtements que nous portions sur nous, ne nous laissant sur le corps que la chemise ! Et alors ils s’éloignèrent sans plus s’inquiéter de notre sort.

« Quant à mon pauvre ami, il n’était plus qu’une chose entre mes mains, tant ces émotions répétées l’avaient anéanti ! Je pus tout de même l’aider à se traîner peu à peu jusqu’à la mosquée que nous apercevions dans l’oasis ; et nous y entrâmes pour passer la nuit. Là le prince Ali tomba sur le sol et me dit : « C’est ici que je vais enfin mourir, puisque Schamsennahar ne doit plus être en vie à l’heure qu’il est ! »

« Or, dans la mosquée en ce moment un homme faisait sa prière. Lorsqu’il eut fini il se retourna vers nous et nous regarda un instant, puis s’approcha de nous, et nous dit avec bonté : « Ô jeunes gens, vous êtes sans doute des étrangers et vous venez ici pour y passer la nuit ? » Je lui répondis : « Ô cheikh, nous sommes en effet des étrangers que les brigands du désert viennent de dépouiller complètement, ne nous laissant pour tout bien que la chemise que nous portons sur nous ! »

« À ces paroles, le vieillard eut pour nous beaucoup de compassion et nous dit : « Ô pauvres jeunes gens, attendez-moi ici quelques instants, et je reviens à vous ! » Et il nous quitta pour revenir peu après suivi d’un enfant qui portait un paquet, et le vieillard tira des vêtements de ce paquet et nous pria de nous en vêtir ; puis il nous dit : « Venez avec moi à ma maison où vous serez mieux que dans