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histoire de ben-bekar et de schamsennahar
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nos esclaves, le chef des eunuques eut des soupçons et se mit à interroger toutes les femmes de Schamsennahar, chacune à part. Et, malgré leurs dénégations, il fut mis sur la voie par les contradictions des renseignements recueillis. Et il porta toute l’affaire à la connaissance du khalifat qui aussitôt envoya mander auprès de lui Schamsennahar en la faisant accompagner, contre ses habitudes, par vingt eunuques du palais ! Aussi nous voilà toutes anxieuses et à la limite de l’épouvante ! Et moi je pus trouver un moment pour me dérober et courir t’aviser du malheur final qui nous menace ! Va donc prévenir le prince Ali, pour qu’il prenne les précautions nécessaires en pareil cas ! »

« Et, ayant dit ces paroles, la jeune fille repartit au plus vite dans la direction du palais.

« Alors moi je vis le monde entier noircir devant mon visage et je m’écriai : « Il n’y a de recours et de force qu’en Allah le Très-Haut, le Tout Puissant ! » Mais que pouvais-je dire de plus en face de la destinée ? Je me décidai donc à retourner chez Ali ben-Bekar, bien que je l’eusse quitté depuis à peine quelques instants, et, sans lui donner le temps de me demander la moindre explication, je lui criai : « Ô Ali, il te faut absolument me suivre sur l’heure, ou la mort t’attend de la plus ignominieuse façon ! Le khalifat, qui a tout appris, doit, à l’heure qu’il est, envoyer te faire saisir ! Partons, sans perdre un instant, et allons hors des frontières de notre pays, hors de la portée de ceux qui te recherchent ! » Et aussitôt, au nom du prince, j’ordonnai aux esclaves de faire charger trois chameaux des objets