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les mille nuits et une nuit

il me dit : « Je te prie d’accepter cela, en remplacement des objets qui ont été volés dans ta maison ! » Puis il ordonna aux serviteurs de tout transporter chez moi. Il me dit ensuite : « Ô Amin, sache qu’en ce monde toute chose a un but ! Malheur à qui manque son but en amour : il ne lui reste que la mort. Aussi, n’était mon respect de la loi de notre Prophète (sur lui la paix soit-elle !) j’aurais déjà hâté le moment de cette mort que je sens prochaine ! Ah ! si tu savais, Amin, ce que mes côtes recèlent sous elles de souffrances accumulées ! Je ne crois pas qu’homme ait jamais éprouvé les douleurs dont mon cœur est saturé ! »

« Alors moi je lui dis, pour faire un peu diversion, que j’allais d’abord donner de ses nouvelles à la confidente qui m’attendait chez moi et que Schamsennahar avait envoyée dans ce but. Et je le quittai pour me rendre auprès de la jeune fille et lui raconter le désespoir du prince, qui pressentait sa fin et qui quitterait la terre avec le seul regret d’être séparé de son amante.

« Et, en effet, quelques instants après mon arrivée, je vis entrer chez moi la jeune fille, mais dans un état inimaginable d’émotion et de bouleversement ; et ses yeux laissaient abondamment couler les larmes. Et moi, de plus en plus alarmé, je lui demandai : « Par Allah ! qu’y a-t-il encore de pire que tout ce qui est arrivé ? » Elle me répondit, en tremblant : « Ce que nous redoutions tant est tombé sur nous ! Nous sommes irrémédiablement perdus jusqu’au dernier ! Le khalifat a tout appris ! Écoute plutôt : À la suite d’une indiscrétion de l’une de