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les mille nuits et une nuit

nèrent, et elle tomba évanouie dans nos bras ; et alors nous la portâmes en hâte à son lit, où je me mis à lui asperger le visage avec l’eau de fleurs ; et je lui essuyai les yeux et lui lavai les pieds et les mains et lui changeai les vêtements de dessus et de dessous. Alors j’eus la joie de la voir revenir à elle et respirer un peu ; et aussitôt je lui donnai à boire du sorbet à la rose et lui fis sentir du jasmin et lui dis : « Ô maîtresse, par Allah sur toi ! ménage-toi, ménage-toi ! où irons-nous si nous continuons de la sorte ? » Mais elle me répondit : « Ô ma fidèle confidente, je n’ai plus rien sur la terre qui me retienne encore attachée ! Mais, avant de mourir, je veux avoir des nouvelles de mon amant. Va donc trouver le joaillier Amin et porte-lui ces bourses remplies d’or et prie-le de les accepter en réparation du dommage que notre présence lui a causé ! »

« Et la confidente me tendit un paquet fort lourd qu’elle tenait et qui devait contenir plus de cinq mille dinars d’or : ce dont, en effet, je pus m’assurer plus tard. Puis elle continua : « Schamsennahar me chargea ensuite de te demander, comme prière dernière, de nous donner des nouvelles, bonnes fussent-elles ou lamentables, du prince Ali ben-Bekar ! »

« Alors moi je ne pus vraiment lui refuser cette chose qu’elle me demandait comme une grâce et, malgré ma résolution bien arrêtée de ne plus me mêler de cette dangereuse histoire-là, je lui dis de venir le soir à ma maison où je ne manquerais pas de l’aller retrouver avec les détails nécessaires. Et je sortis de la mosquée après avoir prié la jeune fille de passer d’abord