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histoire de ben-bekar et de schamsennahar
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MAIS LORSQUE FUT
LA CENT SOIXANTE-SIXIÈME NUIT

Elle dit :

« À peine étais-je donc en ce coin obscur que je fus rejoint par la confidente avec laquelle, cette fois, je pus me décider à m’entretenir en liberté, du moment qu’il n’y avait point de témoins. Elle commença d’abord par me demander : « Comment vas-tu ? » Je lui répondis : « En parfaite santé ! Mais que la mort me semble préférable à ces continuelles alarmes où nous vivons tous ! »

« Elle me répondit : « Hélas ! que dirais-tu alors si tu savais l’état de ma pauvre maîtresse ? Ah ! ya rabbi ! je me sens moi-même faiblir rien qu’en me rappelant le moment où je la vis revenir au palais, où déjà j’avais pu me rendre la première, en fuyant de ta maison, de terrasse en terrasse, et en me jetant ensuite sur le sol du haut de la dernière maison ! Ya Amin ! si tu l’avais vue ! Qui aurait pu reconnaître en ce visage pâle comme celui d’une personne qui sortirait de la tombe, le visage de la lumineuse Schamsennahar ? Aussi, en la voyant, je ne pus m’empêcher de fondre en sanglots en me jetant à ses pieds et en les lui embrassant. Mais elle s’oubliait elle-même pour songer d’abord au batelier auquel elle me dit de remettre tout de suite mille dinars d’or pour sa peine ! Puis, cela fait, les forces l’abandon-