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les mille nuits et une nuit

Amin ! » Alors moi je me retournai et je reconnus ma jeune amie, la confidente de Schamsennahar.

« Mais moi, au lieu de me réjouir à sa vue, je fus soudain pris d’une frayeur atroce d’être aperçu par mes voisins en conversation avec elle, vu que tous savaient qu’elle était la confidente chargée des commissions de la favorite du khalifat. Aussi je me hâtai de remettre vivement la clef dans ma poche et, sans me retourner, je filai droit devant moi, tout à fait affolé, et, malgré les appels de la jeune fille qui courait derrière moi en me priant de m’arrêter, je continuai ma course de ci et de là, toujours serré de près par la confidente, jusqu’à ce que je fusse arrivé à la porte d’une mosquée peu fréquentée. Alors je me précipitai à l’intérieur, après avoir promptement laissé à la porte mes babouches, et je me dirigeai vers le coin le plus obscur où je me mis aussitôt dans l’attitude de la prière. Et c’est alors, plus que jamais, que je songeai combien grande avait été la sagesse de mon ancien ami Abalhassan ben-Tâher qui avait fui toutes ces complications désolantes en se retirant tranquillement à Bassra. Et je pensai en mon âme : « Sûr ! pourvu qu’Allah me tire sans encombre de cette aventure, je fais vœu de ne jamais plus me jeter dans de pareilles aventures et de ne jamais plus remplir de tels rôles ! »

« À peine étais-je donc en ce coin obscur que je fus rejoint…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.