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histoire de ben-bekar et de schamsennahar
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de nouvelles questions et rassuré un peu sur l’état de Ben-Bekar, je pris mon paquet et me dirigeai en toute hâte vers ma maison.

« En y arrivant, je trouvai ma négresse qui jetait les cris les plus perçants et les plus désespérés en se frappant la figure, et tous les voisins l’entouraient pour la consoler de ma perte que l’on croyait certaine. Aussi, à ma vue, ma négresse courut se jeter à mes pieds et voulut, elle aussi, me faire subir un nouvel interrogatoire. Mais je coupai court à ses velléités en lui disant que pour le moment je n’avais envie que de dormir ; je me laissai tomber, exténué, sur les matelas et, le visage dans les oreillers, je dormis pesamment jusqu’au matin.

« Alors ma négresse vint à moi et me questionna ; et moi je lui dis : « Donne-moi vite une porcelaine remplie ! » Elle me l’apporta et je la bus d’un trait ; et, comme ma négresse insistait, je lui dis : « Il est arrivé ce qui est arrivé ! » Alors elle s’en alla. Et moi, je retombai aussitôt dans mon sommeil, et je ne me réveillai, cette fois, qu’au bout de deux jours et de deux nuits !

« Je pus alors me mettre sur mon séant, et je me dis : « Il me faut vraiment aller prendre un bain au hammam ! » Et j’y allai aussitôt, bien que je fusse toujours extrêmement préoccupé de l’état de Ben-Bekar et de Schamsennahar, dont personne n’était venu m’apporter des nouvelles. J’allai donc au hammam où je pris mon bain et me dirigeai aussitôt vers ma boutique ; et, comme je relirais ma clef de la poche pour ouvrir la porte, une petite main derrière moi me toucha à l’épaule et une voix me dit : « Ya