Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 4, trad Mardrus, 1900.djvu/319

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire de ben-bekar et de schamsennahar
313

ments et cette femme est une chanteuse de profession. Nous étions, ce soir, à une fête qui réclamait notre présence dans la maison de ces personnes qui nous ont conduits jusqu’ici. Quant à vous dire le nom de ces personnes, nous ne le pourrions, puisque d’habitude, dans notre profession, nous ne nous informons guère de ces détails et qu’il nous suffit simplement d’être bien rétribués ! » Mais le chef des gardes me regarda sévèrement et me dit : « Vous n’avez guère l’air de chanteurs ; vous me semblez plutôt bien terrifiés et bien inquiets, pour des personnes qui viennent de sortir d’une fête ! Et votre compagne, qui a de si beaux bijoux, n’a guère l’air d’une almée ! Holà ! gardes, enlevez-moi ces gens et conduisez-les tout de suite à la prison ! »

« À ces paroles, Schamsennahar se décida à intervenir de sa personne et, s’avançant vers le chef des gardes, elle le tira à part et lui dit à l’oreille quelques paroles qui produisirent sur lui un effet tel qu’il recula de quelques pas et s’inclina jusqu’à terre en balbutiant des formules très respectueuses d’hommages. Et aussitôt il donna l’ordre à ses gens de faire approcher deux bateaux, et dans l’un il aida Schamsennahar à s’embarquer, tandis qu’il me faisait descendre dans l’autre avec le prince Ben-Bekar. Puis il commanda aux bateliers de nous conduire là où nous leur dirions d’aller. Et aussitôt les barques prirent chacune une direction différente : Schamsennahar vers son palais, et nous deux vers notre quartier.

« Pour ce qui est d’abord de nous, à peine étions-nous arrivés dans la maison du prince, que je le vis,