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histoire de ben-bekar et de schamsennahar
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Lorsque les voleurs eurent entendu cette étrange histoire, ils furent, en effet, extrêmement étonnés et ils s’écrièrent : « En vérité, quel honneur pour notre maison d’abriter en ce moment la belle Schamsennahar et le prince Ali ben-Bekar ! Mais, ô joaillier, vraiment tu ne te joues pas de nous ? Et est-ce vraiment eux ? » Et Amin s’écria : « Par Allah ! ô mes maîtres, eux-mêmes absolument de leurs propres yeux ! » Alors les voleurs, comme un seul homme, se levèrent et ouvrirent la porte en question et firent sortir le prince Ali et Schamsennahar en leur faisant mille excuses et en leur disant : « Nous vous supplions de nous pardonner l’inconvenance de notre conduite, car nous ne pouvions vraiment point nous douter que nous capturions des personnes de votre rang dans la maison du joaillier ! » Puis ils se tournèrent vers Amin et lui dirent : « Quant à toi, nous allons tout de suite te rendre les objets précieux que nous t’avons enlevés, et nous regrettons beaucoup de ne pouvoir te faire également rentrer dans tes meubles que nous avons éparpillés en les faisant vendre un peu partout aux enchères publiques ! »

« Et de fait ils se hâtèrent de me rendre les objets précieux, enroulés dans un grand paquet ; et moi, oubliant tout le reste, je ne manquai pas de les remercier beaucoup pour leur acte de générosité[1]. Alors ils nous dirent à nous trois : « Maintenant, nous ne voulons pas vous garder plus longtemps ici,

  1. On remarquera qu’à partir de ce moment le récit est fait par le joaillier lui-même, sans transition.