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les mille nuits et une nuit

qui venez d’assouvir ma faim ! Et qu’Allah vous fasse jouir en paix de tout ce que vous m’avez ravi ! Montrez-moi seulement mes amis ! » Alors les voleurs étendirent le bras, tous en même temps, vers une porte fermée et lui dirent : « Sois désormais sans crainte sur leur sort ; ils sont chez nous plus en sûreté que dans la maison du gouverneur, et, d’ailleurs, toi également ! Sache, en effet, que nous ne t’avons fait venir que pour apprendre de toi la vérité sur ces deux adolescents dont la belle mine et la noblesse d’attitude nous ont tellement frappés que nous n’avons même pas osé les interroger, une fois que nous eûmes constaté à qui nous avions affaire ! »

Alors le joaillier Amin fut considérablement soulagé et ne pensa plus qu’à gagner tout à fait les voleurs à sa cause et leur dit : « Ô mes maîtres, je vois à présent bien clairement que si l’humanité et la politesse venaient à disparaître de la terre, on les retrouverait intactes dans votre maison. Et je vois non moins clairement que lorsqu’on a affaire à des personnes aussi sûres et aussi généreuses que vous, le meilleur moyen à employer pour gagner leur confiance est de ne leur rien cacher de la vérité ! Écoutez donc mon histoire et la leur, car elle est étonnante à l’extrême limite de tous les étonnements ! »

Et le joaillier Amin raconta aux voleurs toute l’histoire de Schamsennahar et d’Ali ben-Bekar et ses rapports avec eux, sans oublier un détail, depuis le commencement jusqu’à la fin. Mais il n’y a vraiment pas d’utilité à la répéter !