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histoire de ben-bekar et de schamsennahar
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marcher sur les pieds et les mains. Et, au bout de ce corridor, ils se trouvèrent soudain dans une salle éclairée par un seul flambeau qui s’y trouvait juste au milieu. Et autour de ce flambeau Amin vit assis, immobiles, dix hommes de même habillement et de figures tellement ressemblantes et si absolument identiques qu’il s’imagina voir une seule et même figure répétée dix fois par des miroirs.

À cette vue, Amin, qui était déjà épuisé par la marche qu’il avait faite depuis le matin, fut pris d’une faiblesse totale et tomba sur le sol. Alors l’homme qui l’avait amené l’aspergea avec un peu d’eau et de la sorte le ranima. Puis, comme le repas était déjà servi, les dix hommes jumeaux se disposèrent à manger après avoir toutefois, d’une seule et semblable voix, invité Amin à partager leur nourriture. Et Amin, voyant que les dix mangeaient de tous les plats, se dit : « S’il y avait du poison là-dedans, ils n’en mangeraient pas ! » Et, malgré sa terreur, il s’approcha et mangea son plein, affamé qu’il était depuis le matin.

Lorsque le repas fut terminé, la même voix une et décuple lui demanda : « Nous connais-tu ? » Il répondit : « Non, par Allah ! » Les dix lui dirent : « C’est nous les voleurs, qui, la nuit dernière, avons pillé ta maison et enlevé tes hôtes, le jeune homme et la jeune femme qui chantait. Mais malheureusement il y a la servante qui a réussi à s’échapper par la terrasse ! » Alors Amin s’écria : « Par Allah sur vous tous, mes seigneurs ! de grâce, indiquez-moi l’endroit où se trouvent mes deux hôtes ! Et restaurez mon âme tourmentée, hommes généreux