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les mille nuits et une nuit

ne te connais pas, et toi tu me connais, moi et toutes mes maisons ? » L’inconnu sourit et dit : « Je t’expliquerai tout cela ! Et, si Allah veut, je serai pour quelque chose dans ton soulagement ! » Alors Amin sortit avec l’inconnu et arriva à la seconde maison ; mais là, l’inconnu fit remarquer à Amin que la porte de la maison avait été défoncée par les voleurs et que, par conséquent, ils n’y seraient pas à l’abri des indiscrets. Puis il lui dit : « Suis-moi ! je te conduirai à un endroit sûr que je connais ! »

Alors l’homme se mit à marcher et Amin à marcher derrière lui, d’une rue à une autre rue, d’un souk à un autre souk et d’une porte à une autre porte, jusqu’à la tombée de la nuit. Alors, comme ils étaient arrivés de la sorte jusqu’au Tigre, l’homme dit à Amin : « Nous serons sûrement plus à l’abri sur l’autre rive ! » Et aussitôt, sortant d’on ne sait où, un batelier s’approcha d’eux et, avant qu’Amin pût même penser à refuser, il était déjà avec l’inconnu dans la barque qui, en quelques vigoureux coups de rames, les porta sur le rivage opposé. Alors l’homme aida Amin à sauter à terre et, le prenant par la main, le conduisit à travers des rues étroites et enchevêtrées. Et Amin, qui n’était plus rassuré du tout, pensait à part lui : « De ma vie je n’ai mis les pieds par ici ! Quelle aventure est la mienne ! »

Mais l’homme finit par arriver à une porte basse, tout en fer, et, tirant de sa ceinture une énorme clef rouillée, il l’introduisit dans la serrure, qui grinça terriblement et laissa s’ouvrir la porte. L’homme entra et fit entrer Amin. Puis il referma la porte. Et il enfila aussitôt un corridor où l’on devait