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les mille nuits et une nuit

temps de servir ses hôtes, et il s’empressa, aidé de la jeune fille, de leur apporter d’abord les parfums agréables qui les disposèrent à toucher aux mets, aux fruits et aux boissons qui étaient en abondance et de première qualité tout à fait. Après quoi, Amin leur versa l’eau de l’aiguière sur les mains et leur tendit les serviettes aux franges de soie. Et c’est alors que, complètement ranimés et remis de leur émoi, ils purent commencer à vraiment goûter les délices de leur réunion. Aussi Schamsennahar, sans davantage différer, dit à la jeune fille : « Donne-moi ce luth, que j’essaie de lui faire dire la passion considérable qui crie en mon âme ! » Et la confidente lui présenta le luth, qu’elle prit et posa sur ses genoux, et, après en avoir rapidement harmonisé les cordes, elle préluda d’abord par un chant sans paroles. Et l’instrument, sous ses doigts, sanglotait ou riait et son âme s’exhalait toute en fusées mélodiques qui les tinrent tous haletants. Alors commença leur extase. Et alors seulement, les yeux perdus dans les yeux de son ami, elle chanta :

« Ô mon corps d’amoureuse, tu t’es fait diaphane à attendre en vain le bien-aimé ! Mais le voici ! Et la brûlure de mes joues, sous les larmes versées, s’adoucit de la brise de sa venue !

Ô nuit bénie aux côtés de mon ami, tu donnes à mon cœur plus de douceur que toutes les nuits de mon destin !

Ô nuit que j’attendais, que j’espérais ! Mon bien-aimé m’enlace de son bras droit, et de mon bras gauche je l’enveloppe joyeuse !