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les mille nuits et une nuit

elle se mit à l’aider à prendre son bain, à se peigner, à se parfumer et à s’habiller de ses plus belles robes.

De son côté, le joaillier Amin se hâta de se rendre chez le prince Ali ben-Bekar, après avoir toutefois placé des fleurs fraîches dans les vases, rangé les plateaux remplis de mets de toutes sortes, de pâtisseries, de confitures et de boissons, et rangé en bon ordre, contre le mur, les luths, les guitares et les autres instruments d’harmonie. Et il entra chez le prince Ali, qu’il trouva déjà un peu ragaillardi par l’espoir qu’il lui avait mis la veille dans le cœur. Aussi la jubilation du jeune homme fut considérarable lorsqu’il apprit que dans quelques instants il allait enfin revoir l’amante, cause de ses larmes et de son bonheur ! Du coup, il oublia tous ses chagrins et toutes ses souffrances, et son teint aussitôt s’en ressentit, car il s’éclaira tout à fait et devint bien plus beau que par le passé avec, en plus, plus de douceur sympatique.

Alors, aidé de son ami Amin, il revêtit ses habits les plus magnifiques et, aussi solide que s’il n’avait jamais été près des portes du tombeau, il prit, avec le joaillier, le chemin de sa maison. Et, lorsqu’ils furent entrés, Amin s’empressa d’inviter le prince à s’asseoir, et lui disposa derrière le dos de tendres coussins, et plaça à côté de lui, à droite et à gauche, un beau vase de cristal rempli de fleurs, et lui mit entre les doigts une rose. Et tous deux, en causant doucement, attendirent l’arrivée de la favorite.

Or, à peine quelques instants s’étaient-ils écoulés que l’on frappa à la porte, et Amin courut ouvrir et