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histoire de ben-bekar et de schamsennahar
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amants. Puis il alla chez toutes ses connaissances, et emprunta aux uns des tapis, aux autres des coussins de soie et à d’autres des porcelaines, des plateaux et des aiguières. Et il finit de la sorte par meubler magnifiquement la maison.

Alors, comme il avait fini de mettre tout en ordre et qu’il s’était assis un moment pour jeter un coup d’œil général sur toutes choses, il vit entrer doucement son amie, la jeune confidente de Schamsennahar. Elle s’approcha en se balançant gentiment sur les hanches, et lui dit après les salams : « Ô Amin, ma maîtresse t’envoie son souhait de paix et ses remercîments, et te dit que grâce à toi elle est maintenant bien consolée du départ d’Abalhassan. Et ensuite elle me charge de te dire d’aviser son amoureux que le khalifat s’est absenté du palais et que ce soir elle pourra se rendre ici. Il te faut donc avertir tout de suite le prince Ali ; et cette nouvelle, je n’en doute pas, achèvera de le rétablir et de lui rendre les forces et la santé ! » Et, ayant dit ces paroles, la jeune fille tira de son sein une bourse remplie de dinars et la tendit à Amin en lui disant : « Ma maîtresse te prie de faire toutes les dépenses sans compter ! » Mais Amin repoussa la bourse en s’écriant : « Ma valeur est-elle donc si petite à ses yeux, que ta maîtresse, ô jeune fille, me donne cet or en récompense ? Dis-lui qu’Amin est payé, et au-delà, par l’or de ses paroles et les regards de ses yeux ! » Alors la jeune fille remporta la bourse et, tout à fait heureuse du désintéressement d’Amin, courut raconter la chose à Schamsennahar et la prévenir que tout était déjà prêt dans la maison. Puis