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les mille nuits et une nuit

prudent d’insister, la jeune fille dit à Amin : « Tu as raison ! Il vaut beaucoup mieux, dans notre intérêt à tous, décider Schamsennahar à venir plutôt ici elle-même. Je vais donc m’y employer, et je l’amènerai sûrement. Attends-nous donc sans bouger un instant ! »

Et, en effet, exactement comme elle l’avait prévu, sitôt que la confidente eut appris à sa maîtresse l’impossibilité où se trouvait le jeune joaillier de se rendre au palais, Schamsennahar, sans hésiter un instant, se leva et, s’enveloppant de son grand voile de soie, suivit sa confidente, en oubliant la faiblesse qui l’avait jusque là immobilisée sur les coussins. La confidente entra la première dans la maison pour s’assurer d’abord si sa maîtresse ne s’exposait pas à être vue par des esclaves ou des étrangers, et demanda à Amin : « As-tu au moins congédié les gens de la maison ? » Il répondit : « J’habite seul ici, avec la vieille négresse qui fait mon ménage. » Elle dit : « Il faut tout de même l’empêcher d’entrer ici ! » Et elle alla elle-même fermer toutes les portes en dedans, et courut alors chercher sa maîtresse.

Schamsennahar entra et, sur son passage, du parfum de ses robes les salles et les couloirs s’emplissaient miraculeusement. Et sans prononcer une parole, et sans regarder autour d’elle, elle alla s’asseoir sur le divan et s’appuya sur les coussins que le jeune joaillier s’empressait de disposer derrière elle. Et elle resta ainsi immobile, pendant un bon moment, prise de faiblesse et respirant à peine. Elle put enfin, une fois reposée de cette course si inaccoutumée, relever sa voilette et se débarrasser de