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histoire de ben-bekar et de schamsennahar
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l’intérêt que tu portes à des personnes dont rien ne t’obligeait à servir les desseins ! »

À ces paroles, le jeune joaillier, au lieu de montrer de l’empressement à se rendre à ce désir de la favorite, fut au contraire pris d’un tremblement de tout le corps et devint bien pâle et finit par dire à la jeune fille : « Ô ma sœur, je vois bien que Schamsennahar et toi n’avez guère réfléchi à la démarche que vous me demandez de faire. Vous oubliez que je suis un homme du commun et que je n’ai ni la notoriété d’Abalhassan ni les intelligences qu’il s’était ménagées parmi les eunuques du palais, où il pouvait circuler à sa guise pour toutes les commissions dont on le chargeait ; et je n’ai ni son assurance ni son admirable pratique des coutumes des gens qu’il allait voir. Comment oserais-je donc me rendre au palais, moi qui frémissais déjà rien qu’en entendant Abalhassan me raconter ses visites à la favorite ? En vérité, le courage me fait défaut pour affronter un tel danger ! Mais tu peux dire à ta maîtresse que ma maison est certainement l’endroit le plus propice aux entrevues ; et, si elle consentait à y venir, nous pourrions causer tout à notre aise, sans être sous l’appréhension d’un danger quelconque ! » Et comme la jeune fille essayait tout de même de l’encourager à la suivre et qu’elle avait même fini par le décider à se lever, il fut pris soudain d’un tel tremblement qu’il flageola sur ses jambes et que la jeune fille fut obligée de le soutenir et de l’aider à se rasseoir en lui donnant à boire un verre d’eau fraîche pour calmer ses esprits.

Alors, comme elle voyait qu’il était désormais im-