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les mille nuits et une nuit

Daoul’makân, l’histoire que racontait le bel Aziz au jeune prince Diadème :

Il y avait là en effet, dorés et odorants, quatre poulets rôtis, assaisonnés aux épices fines ; il y avait là quatre porcelaines de grande capacité contenant, la première, de la mahallabia[1] parfumée à l’orange et saupoudrée de pistaches concassées et de cannelle ; la seconde, des raisins secs, macérés, puis sublimés et parfumés discrètement à la rose ; la troisième, oh ! la troisième ! de la baklawa[2] artistement feuilletée et divisée en losanges d’une suggestion infinie ; la quatrième, des kataïefs[3] au sirop bien lié et prêts à éclater tant ils étaient généreusement farcis ! Voilà pour la moitié du plateau. Quant à l’autre moitié, elle contenait justement mes fruits de prédilection : des figues toutes ridées de maturité, et nonchalantes tant elles se savaient désirables ; des cédrats, des limons, des raisins frais et des bananes. Et le tout était séparé par des intervalles où se voyaient les couleurs de fleurs telles que roses, jasmins, tulipes, lis et narcisses.

Alors moi je m’épanouis de tout cela à la limite de l’épanouissement et je dis à mes chagrins de s’envoler et à la joie de m’habiter. Mais je restai un tant soit peu préoccupé de ne voir pas, en ce lieu, trace d’une créature vivante d’entre les créatures d’Allah ! Et, comme je ne voyais ni servante ni es-

  1. Entremets à base d’amidon, de lait et de riz concassé.
  2. C’est la pâtisserie nationale de tout l’orient. Sorte de feuilleté farci de pistaches et d’amandes.
  3. Petits pâtés, en rondelles, farcis de noix, etc., etc.