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les mille nuits et une nuit

porte de sortie, tu t’exposes à te perdre, toi d’abord, et Schamsennahar avec toi ! Je ne parle pas de moi, qui sûrement serais effacé, en un clin d’œil, du nombre des vivants, ainsi que toute ma famille ! »

Mais Ben-Bekar, tout en remerciant son ami de ce conseil, lui déclara que sa volonté n’était plus sous sa dépendance, et que d’ailleurs, en dépit de tous les malheurs qui pourraient lui arriver, jamais il ne se résoudrait à se ménager alors que Schamsennahar ne craignait pas d’exposer sa vie par amour pour lui !

Alors Abalhassan, voyant que toutes les paroles seraient vaines désormais, prit congé de son ami et reprit le chemin de sa maison, en proie à ses préoccupations pour l’avenir.

Or, Abalhassan avait, parmi les amis qui le venaient voir le plus souvent, un jeune joaillier fort gentil, nommé Amin, et dont il avait pu souvent apprécier la discrétion. Et justement ce jeune joaillier vint en visite au moment même où, accoudé sur les coussins, Abalhassan était plongé dans la perplexité. Aussi, après les salams, il s’assit à côté de lui sur le divan et, comme il était le seul à être un peu au courant de cette intrigue amoureuse, il lui demanda : « Ô Abalhassan, où en sont les amours d’Ali ben-Bekar et de Schamsennahar ? » Abalhassan répondit : « Ô Amin, qu’Allah nous ait en sa miséricorde ! J’ai des pressentiments qui ne me présagent rien de bon !…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.