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les mille nuits et une nuit

Et c’est alors que, s’oubliant elle-même, elle m’a ordonné de la laisser pour le moment et de courir chez toi prendre des nouvelles de son amant, dont je lui avais raconté, par le menu, le chagrin extrême. »

À ces paroles de la confidente, Abalhassan ben-Tâher lui dit : « Ô jeune fille, maintenant que je n’ai plus rien à t’apprendre sur l’état de notre ami, hâte-toi de retourner auprès de ta maîtresse, et de lui transmettre mes souhaits de paix ; et dis-lui combien, en apprenant ce qui lui était arrivé, j’ai éprouvé de chagrin ; et dis-lui bien que je n’ai pas manqué de trouver que c’était une bien dure épreuve, mais que je l’exhorte beaucoup à la patience et surtout à la plus stricte réserve dans ses paroles, de peur que la chose ne finisse par parvenir aux oreilles du khalifat ! Et demain tu reviendras à ma boutique et, si Allah veut ! les nouvelles que nous nous donnerons mutuellement seront plus consolantes ! »

Alors la jeune fille le remercia beaucoup pour ses paroles et pour tous ses bons offices, et le quitta. Et Abalhassan passa le reste de la journée dans sa boutique, qu’il ferma pourtant de meilleure heure que de coutume pour voler à la maison de son ami Ben-Bekar…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement.