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histoire de ben-bekar et de schamsennahar
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vit arriver la jeune esclave confidente de Schamsennahar. Elle lui souhaita la paix, et Abalhassan lui rendit son salut et remarqua combien son air était triste et préoccupé, et il constata que son cœur devait battre bien plus vite que d’habitude. Et il lui dit : « Combien ta venue m’est précieuse, ô secourable jeune fille ! Ah ! de grâce, hâte-toi de me mettre au courant de l’état de ta maîtresse ! » Elle lui répondit : « Mais, je t’en supplie, commence d’abord par me donner des nouvelles du prince Ali que j’ai été obligée de laisser dans l’état où il était ! » Et Abalhassan lui raconta tout ce qu’il avait vu de la douleur et de l’irrémédiable langueur de son ami. Et lorsqu’il eut achevé, la confidente devint encore plus triste qu’elle n’était et poussa plusieurs soupirs et, d’une voix émue, dit à Abalhassan : « Quel malheur est le nôtre ! Sache, ô Ben-Tâher, que l’état de ma pauvre maîtresse est encore plus lamentable ! Mais je vais te narrer exactement ce qui s’est passé depuis le moment où tu es sorti de la salle avec ton ami, alors que ma maîtresse était tombée évanouie aux pieds du khalifat qui, tout affligé, ne sut à quoi attribuer ce malaise soudain. Voici !

« Lorsque je vous eus laissés tous deux sous la garde du batelier, je retournai au plus vite, bien inquiète, auprès de Schamsennahar, que je trouvai encore évanouie et étendue toute pâle, et des larmes coulaient goutte à goutte dans ses cheveux défaits. Et l’émir des Croyants, à la limite de l’affliction, était assis tout près d’elle et, malgré tous les soins qu’il lui prodiguait lui-même, il ne parvenait pas à lui faire reprendre ses sens. Et nous toutes