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histoire de ben-bekar et de schamsennahar
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mauvaise nuit : Abalhassan parce qu’il n’avait guère l’habitude de coucher hors de sa maison et qu’il se préoccupait des inquiétudes des siens à son égard, et le prince Ali parce qu’il revoyait toujours devant ses yeux l’image de Schamsennahar pâle et évanouie de douleur dans les bras de ses femmes, aux pieds du khalifat.

Aussi, dès qu’il fut matin, ils prirent congé de leur hôte et se dirigèrent vers la ville et ne tardèrent pas, malgré la grande difficulté qu’avait à marcher Ali ben-Bekar, à arriver à la rue où se trouvaient leurs maisons. Mais comme la première porte à laquelle ils arrivèrent était celle d’Abalhassan, celui-ci invita son ami avec beaucoup d’insistance à entrer d’abord se reposer chez lui, ne voulant pas le laisser seul en un état si fâcheux. Et il dit à ses gens de lui préparer la meilleure chambre de la maison et d’étendre par terre les matelas neufs que l’on conservait enroulés dans les grands placards pour des occasions comme celle-ci. Et le prince Ali, aussi fatigué que s’il avait marché des journées entières, n’eut que la force de se laisser tomber sur les matelas, où il put enfin fermer l’œil quelques heures. À son réveil, il fit ses ablutions et remplit son devoir de la prière et s’habilla pour sortir ; mais Abalhassan le retint en lui disant : « Ô mon maître, il est préférable de passer encore la journée et la nuit dans ma maison, pour que je puisse te tenir compagnie et te distraire de tes peines ! » Et il l’obligea à rester. Et, en effet, le soir venu, Abalhassan, après avoir passé toute la journée à causer avec son ami, fit venir les chanteuses les plus