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les mille nuits et une nuit

l’embarcation, où ne tarda pas à entrer Abalhassan. Quant à la jeune esclave, elle s’excusa de ne pouvoir les accompagner plus loin et leur souhaita la paix d’une voix extrêmement triste, pour rentrer en hâte au palais.

Lorsque la barque fut arrivée à la rive opposée, Ali ben-Bekar, qui était complètement revenu à lui grâce à la fraîcheur de la brise et de l’eau, put, cette fois, soutenu par son ami, mettre pied à terre. Mais il fut obligé bientôt de s’asseoir sur une borne, tant il sentait son âme s’en aller. Et Abalhassan, ne sachant plus comment sortir d’embarras, lui dit : « Ô mon ami, prends courage et raffermis ton âme ; car, en vérité, cet endroit est loin d’être sûr, et ces bords sont infestés de bandits et de malfaiteurs. Un peu de courage seulement et nous serons en sûreté, non loin de là, dans la maison d’un de mes amis qui habite tout près de cette lumière que tu vois ! » Puis il dit : « Au nom d’Allah ! » Et il aida son ami à se lever et lentement il prit avec lui le chemin de la maison en question, à la porte de laquelle il ne tarda pas à arriver. Alors il frappa à cette porte, malgré l’heure avancée, et aussitôt quelqu’un vint ouvrir ; et Abalhassan, s’étant fait reconnaître, fut aussitôt introduit avec beaucoup de cordialité, ainsi que son ami. Et il ne manqua pas d’inventer un motif quelconque pour expliquer leur présence et leur arrivée en cet état à une heure si irrégulière. Et dans cette maison, où l’hospitalité fut exercée envers eux selon ses préceptes les plus admirables, ils passèrent le reste de la nuit, sans être importunés de questions déplacées. Et tous deux passèrent une bien