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les mille nuits et une nuit

amour pour le prince Ali ; et celle-ci, sur un mode différent, chanta ces vers qui s’appliquaient si bien aux intimes sentiments de la favorite pour Ali ben-Bekar :

« Quand la jeune Bédouine rencontre en chemin un beau cavalier, ses joues rougissent à l’égal de la fleur du laurier qui croît en Arabie.

Ô Bédouine aventureuse, éteins le feu qui te colore ! Sauvegarde ton âme d’une passion naissante qui la consumerait ! Reste insouciante dans ton désert, car la souffrance d’amour est le don des beaux cavaliers. »

Lorsque la belle Schamsennahar eut entendu ces vers, elle fut pénétrée d’une émotion si vive qu’elle se renversa sur son siège et tomba évanouie entre les bras de ses femmes qui avaient volé à son secours.

À cette vue, le prince Ali, qui, dissimulé derrière la fenêtre, regardait cette scène, avec son ami Ben-Tâher, fut tellement saisi de douleur sympathique…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA CENT CINQUANTE-CINQUIÈME NUIT

Elle dit :

… fut tellement saisi de douleur sympathique