Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 4, trad Mardrus, 1900.djvu/279

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire de ben-bekar et de schamsennahar
273

sur ton visage ! Mais Allah m’a accordé ce soir béni pour réjouir pleinement mes yeux de tes charmes ! » Puis il alla s’asseoir sur le trône d’argent, alors que la favorite s’asseyait devant lui et que les vingt autres femmes formaient un cercle autour d’eux sur des sièges situés à égale distance les uns des autres. Quant aux joueuses d’instruments et aux chanteuses, elles formèrent un autre groupe tout près de la favorite, tandis que les eunuques, jeunes et vieux, s’éloignaient, selon la coutume, sous les arbres, en tenant toujours les flambeaux allumés, au loin, pour ainsi laisser le khalifat se délecter commodément du frais de la soirée.

Lorsqu’il se fut assis et que tout le monde fut à sa place, le khalifat fit signe aux chanteuses, et aussitôt l’une d’elles, accompagnée par les autres, dit cette ode fameuse que le khalifat préférait à toutes celles qu’on lui chantait, pour la beauté de ses rythmes et la riche mélodie de ses finales :

« Enfant, l’amoureuse rosée du matin mouille les fleurs entrouvertes, et la brise édénique balance leurs tiges ! Mais tes yeux…

Tes yeux, petit ami, c’est la source limpide où désaltérer longuement le calice de mes lèvres ! Et ta bouche…

Ta bouche, ô jeune ami, est la ruche de perles où boire une salive enviée des abeilles ! »

Et, ces merveilleuses strophes ainsi chantées d’une voix passionnée, la chanteuse se tut. Alors Schamsennahar fit signe à sa favorite qui comprenait son