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les mille nuits et une nuit

l’étouffaient pour courir au-devant du khalifat qui s’avançait du côté opposé.

De son côté, la jeune esclave conduisit le prince Ali et Abalhassan à la galerie en question et se retira après les avoir rassurés et avoir fermé soigneusement la porte derrière elle. Alors ils se trouvèrent dans la plus grande obscurité ; mais au bout de quelques instants, à travers les fenêtres ajourées, ils virent une grande clarté qui, se rapprochant, leur fit apercevoir un cortège formé par cent jeunes eunuques noirs qui portaient à la main des flambeaux allumés ; et ces cent jeunes eunuques étaient suivis de cent vieux eunuques de la garde ordinaire des femmes du palais, et qui tenaient chacun à la main un glaive nu ; et derrière eux, enfin, à vingt pas, magnifique, s’avançait, précédé du chef des eunuques et entouré de vingt jeunes esclaves blanches comme la lune, le khalifat Haroun Al-Rachid.

Le khalifat s’avança donc, précédé de Massrour ; et il avait à sa droite son second chef des eunuques Afif et à sa gauche son second chef des eunuques Wassif. Et, en vérité, il était majestueux extrêmement et beau par lui-même et par tout l’éclat que vers lui projetaient les flambeaux des esclaves et les pierreries des courtisanes ! Et il s’avança de la sorte, au son des instruments dont soudain s’étaient mis à jouer les esclaves, jusqu’à Schamsennahar qui s’était prosternée à ses pieds. Et il se hâta de l’aider à se relever en lui tendant une main qu’elle porta à ses lèvres ; puis, tout heureux de la revoir, il lui dit : « Ô Schamsennahar, les soucis de mon royaume m’empêchaient depuis si longtemps de reposer mes yeux