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les mille nuits et une nuit

ment ta vue ! Et il te fait savoir que cette journée s’est annoncée pour lui pleine de joie et bénie entre toutes ; et il veut la terminer près de toi pour qu’elle soit complètement admirable. Mais il voudrait d’abord connaître ton sentiment à ce sujet et si tu aimes mieux aller toi-même au palais ou le recevoir plutôt chez toi, ici même ! »

À ces paroles, la belle Schamsennahar se leva et se prosterna et embrassa la terre pour marquer qu’elle considérait le désir du khalifat comme un ordre, et répondit : « Je suis l’esclave soumise et heureuse de l’émir des Croyants. Je te prie donc, ô Massrour, de dire à notre maître combien je suis dans la félicité de le recevoir et combien ce palais sera illuminé de sa venue ! »

Alors le chef des eunuques et sa suite se hâtèrent de se retirer, et Schamsennahar aussitôt courut à la salle où se trouvait son amoureux et, les larmes aux yeux, elle le serra contre sa poitrine et l’embrassa tendrement, et lui également ; puis elle lui exprima combien elle était malheureuse de lui dire adieu plus tôt qu’elle ne s’y était attendue. Et tous deux se mirent à pleurer dans les bras l’un de l’autre. Et le prince Ali put enfin dire à son amante : « Ô ma maîtresse, de grâce ! laisse-moi, ah ! laisse-moi te serrer, te sentir tout contre moi, jouir de ton contact adorable, puisque le moment de la séparation fatale est proche ! Je garderai dans ma chair ce contact aimé, et dans mon âme son souvenir ! Ce me sera une consolation dans l’éloignement et une douceur dans ma tristesse ! » Elle répondit : « Ô Ali ! par Allah ! c’est moi seule qu’atteindra la tristesse, moi qui reste