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histoire de ben-bekar et de schamsennahar
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À ces paroles, le prince Ali et Abalhassan et toutes les esclaves furent extrêmement émus et tremblèrent même pour leur vie. Mais Schamsennahar, qui seule était restée calme, eut un sourire tranquille et leur dit à tous : « Rassurez-vous ! Et laissez-moi faire ! » Puis elle dit à sa confidente : « Va entretenir Massrour et Afif et les autres en leur disant de nous donner le temps de les recevoir selon leur rang ! » Alors elle ordonna à ses esclaves de fermer toutes les portes de la salle et de clore soigneusement les grands rideaux. Cela fait, elle invita le prince Ali et Abalhassan à ne plus bouger de la salle et à n’avoir aucune crainte ; puis, suivie de toutes les chanteuses, elle sortit de la salle, par la porte qui donnait sur le jardin et qu’elle fit refermer derrière elle ; et elle alla sous les arbres, s’asseoir sur son trône qu’elle avait pris soin d’y faire transporter. Là elle prit une pose langoureuse, ordonna à l’une des jeunes filles de lui masser les jambes et aux autres de se retirer plus loin, tandis qu’elle dépêchait une jeune négresse pour aller ouvrir la porte d’entrée à Massrour et aux autres.

Alors Massrour et Afif et vingt eunuques, l’épée nue à la main et la taille entourée du large ceinturon, s’avancèrent et, du plus loin qu’ils purent, se courbèrent jusqu’à terre et saluèrent la favorite avec les plus grandes marques de respect. Et Schamsennahar dit : « Ô Massrour, fasse Allah que tu sois porteur de bonnes nouvelles ! » Et Massrour répondit : « Inschallah ! ô ma maîtresse ! » Puis il s’approcha du trône de la favorite et lui dit : « L’émir des Croyants t’envoie ses souhaits de paix et te dit qu’il désire ardem-