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histoire de ben-bekar et de schamsennahar
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« Si… mes joues sans cesse sont arrosées par la liqueur de mes yeux,

Si… la coupe où trempent mes lèvres est remplie de mes larmes plus encore que du vin de l’échanson,

Par Allah, ô mon cœur, abreuve-toi quand même à cette liqueur mélangée ! Elle fera rentrer en toi le surplus de mon âme qui s’échappe de mes yeux ! »

À ce moment, Schamsennahar se sentit complètement grisée par les notes émues des chansons et, prenant un luth des mains de l’une des femmes assises derrière elle, elle ferma les yeux à demi et de toute son âme elle chanta ces strophes admirables :

« Ô lumière de ses yeux ! ô beauté d’une gazelle adolescente ! Si tu t’éloignes, je meurs ; si tu t’approches, je me grise ! Ainsi je vis en brûlant et je m’éteins en jouissant.

Du souffle de ton haleine l’odorante brise est née ; et les soirs du désert en sont encore embaumés, les soirs tièdes sous les palmes joyeuses !

Attention ! ô brise amoureuse de son contact aimé ! je jalouse le baiser que tu prends sur le sourire de son menton et les fossettes de ses joues. Car ta caresse est un délice tel que toute sa chair en frissonne.

Jasmins de son ventre aromatique sous le vêtement très léger, jasmins de sa peau douce et lactée comme une pierre de lune !

Salive, ô ! salive que j’aime de sa bouche, boutons en fleurs de ses lèvres roses ! Ah ! les joues moites et les yeux clos après les étreintes d’amour !

Ô mon cœur ! tu t’égares dans les replis délicieux