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histoire du roi omar … (aziz, aziza)
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toute fraîcheur, le sel des tristes larmes recélées dans mes orbites profondes.

Ah ! pleure, mon cœur, l’absence du bien-aimé !… Je songe à toi, Aziz ! En quelle demeure loin de moi as-tu fui ? Réponds, Aziz ! Où as-tu élu domicile, ô vagabond adoré ?… »

Lorsqu’elle eut fini ces vers, elle se retourna et me vit ; et aussitôt elle s’efforça de me cacher sa douleur et ses larmes, et elle vint à moi et se tint debout un moment en silence, sans pouvoir articuler une syllabe. Enfin elle me dit : « Ô mon cousin, assieds-toi et conte-moi ce qui t’es arrivé cette fois ! » Et je ne manquai pas de lui exposer par le menu les gestes pleins de mystère de l’adolescente. Et Aziza me dit : « Réjouis-toi, ô mon cousin, car tes souhaits sont exaucés ! Sache, en effet, que le miroir enfoncé dans le sac signifie le soleil qui disparaît : ce geste t’invite donc à te rendre demain soir à sa maison ; sa chevelure noire dénouée et lui voilant la face signifie la nuit qui couvre la terre de ses ténèbres : ce geste est une confirmation du premier ; le pot de fleurs signifie qu’il te faut entrer dans le jardin de la maison, situé derrière la ruelle ; quant à la lanterne sur le pot, elle signifie clairement qu’une fois dans le jardin tu dois te diriger du côté où tu trouveras une lanterne allumée, et attendre là la venue de ton amoureuse. » Mais moi, au comble du désappointement, je m’écriai : « Que de fois tu m’as donné de l’espoir avec tes explications erronées ! Allah ! Allah ! que je suis malheureux ! » Alors Aziza se fit encore plus caressante que d’habitude et