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histoire de ben-bekar et de schamsennahar
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Ali poussa un long soupir et, ne pouvant davantage contenir son émotion, il laissa couler ses larmes en sanglotant. À cette vue, Schamsennahar, qui n’était pas moins émue, se prit également à pleurer et, ne pouvant résister à sa passion, se leva de son trône et s’avança vivement vers la porte de la salle. Et aussitôt Ali ben-Bekar courut dans la même direction et, parvenu derrière le grand rideau de la porte, il se rencontra avec son amoureuse ; et leur émotion fut si grande en s’embrassant et leur délire si intense qu’ils s’évanouirent dans les bras l’un de l’autre ; et ils seraient certainement tombés s’ils n’avaient été soutenus par les femmes qui avaient suivi à distance leur maîtresse, et qui se hâtèrent de les transporter tous deux sur un divan où elles leur firent reprendre leurs esprits à force de les asperger avec l’eau de fleurs et de leur faire sentir des odeurs vivifiantes.

Or, la première chose que fit Schamsennahar en revenant à elle fut de regarder autour d’elle ; et elle eut un sourire heureux en revoyant son ami Ali ben-Bekar ; mais, comme elle ne voyait pas Abalhassan ben-Tâher, elle demanda anxieusement de ses nouvelles. Or, Abalhassan, par discrétion, s’était retiré plus loin, et n’était d’ailleurs pas sans appréhension sur la suite fâcheuse que pouvait avoir cette aventure, si elle venait à s’ébruiter dans le palais. Mais, dès qu’il se fut aperçu que la favorite s’informait de sa présence, il s’avança avec respect et s’inclina devant elle. Et Schamsennahar lui dit : « Ô Abalhassan, comment estimerai-je jamais à leur mesure tes bons offices. C’est grâce à toi que je dois de