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les mille nuits et une nuit

tenaient chacune à la main un instrument à cordes. Et, à un signe de la petite esclave favorite, elles jouèrent toutes ensemble un prélude d’une grande douceur, et tel que le prince Ali, dont le cœur était rempli du souvenir de la belle Schamsennahar, sentit les larmes lui remplir les paupières. Et il dit à son ami Abalhassan : « Ah ! mon frère, je sens que mon âme s’émeut ! Et ces accords me parlent un langage qui fait pleurer mon âme, sans qu’au juste je sache pourquoi ! » Abalhassan lui dit : « Mon jeune seigneur, que ton âme soit tranquille, et qu’elle prête toute son attention à ce concert qui promet d’être admirable, grâce à la belle Schamsennahar qui probablement va bientôt arriver ! »

En effet, à peine Abalhassan avait-il achevé ces mots que les dix jeunes femmes se levèrent toutes ensemble et, les unes pinçant les cordes et les autres agitant rythmiquement leurs petits tambours à grelots, entonnèrent ce chant annonciateur :

« Azur, tu nous regardes soudain avec un sourire content. Ô lune, voici que tu relèves tes robes de nuages et tu te voiles confuse ! Et toi, soleil, ô soleil vainqueur, tu fuis et tu ne brilles plus ! »

Et le chœur s’arrêta, attendant la réponse que chanta l’une des dix :

« Ô mes yeux ! voici notre Lune qui s’avance. Car le Soleil nous visite, un jeune Soleil princier, qui vient rendre hommage à Schamsennahar ! »

Alors le prince Ali, qui figurait ce soleil, regarda