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les mille nuits et une nuit

vous demande, toi et ton compagnon ! » Et aussitôt Abalhassan se leva, fit signe à Ali ben-Bekar, et, ayant fermé la porte de sa boutique, il suivit, accompagné d’Ali, la petite esclave qui marchait devant eux et qui les conduisit de la sorte au palais même du khalifat Haroun Al-Rachid.

Et du coup le prince Ali se crut transporté dans la demeure même des génies, où toutes choses sont si belles que la langue de l’homme deviendrait poilue avant de pouvoir les décrire. Mais la petite esclave, sans leur donner le temps d’exprimer leur enchantement, frappa ses mains l’une contre l’autre, et aussitôt apparut une négresse chargée d’un grand plateau couvert de mets et de fruits qu’elle déposa sur un tabouret ; et l’odeur seule qui s’en dégageait était déjà un baume admirable aux narines et au cœur. Aussi la petite esclave ne manqua pas de les servir avec des égards extrêmes, et, lorsqu’ils se furent bien rassasiés, elle leur présenta le bassin et le vase d’or plein d’eau de senteur pour leurs mains ; puis elle leur présenta une aiguière merveilleuse enrichie de rubis et de diamants et pleine d’eau de roses, et leur en versa dans l’une et dans l’autre mains pour la barbe et le visage ; après quoi elle leur apporta du parfum d’aloès dans une petite cassolette d’or, et leur en parfuma les vêtements, selon la coutume. Et, cela fait, elle ouvrit une porte de la salle où ils se trouvaient, et les pria de la suivre. Et elle les introduisit dans une grande salle d’une architecture ravissante.

C’était, en effet, une salle surmontée d’un dôme soutenu par quatre-vingts colonnes transparentes de