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histoire de ben-bekar et de schamsennahar
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Alors la jeune femme ramena son petit voile sur son visage, et sortit en laissant derrière elle un parfum subtil de robes conservées dans le santal et le jasmin.

Quant à Ali ben-Bekar, une fois l’adolescente partie, il resta pendant un bon moment à ne savoir plus ce qu’il disait, et tellement qu’Abalhassan fut obligé de l’avertir que les clients remarquaient son agitation et commençaient à s’en étonner. Et Ali ben-Bekar répondit : « Ô Ben-Tâher, comment ne serais-je pas agité et, moi-même, étonné de voir mon âme chercher à s’échapper de mon corps pour aller rejoindre cette lune qui oblige mon cœur à se donner sans consulter mon esprit ? » Puis il ajouta : « Ô Ben-Tâher, de grâce ! qui est cette adolescente que tu sembles connaître ? Hâte-toi de me le dire ! » Et Abalhassan répondit : « C’est la favorite de choix de l’émir des Croyants ! Son nom est Schamsennahar ![1] Elle est traitée par le khalifat avec des égards qui sont à peine rendus à Sett-Zobéida elle-même, l’épouse légitime. Elle a un palais à elle seule où elle commande en maîtresse absolue, sans être l’objet de la surveillance des eunuques ; car le khalifat a en elle une confiance sans limites, et, à juste titre, car de toutes les femmes du palais c’est celle qui, bien que la plus belle, fait le moins parler d’elle, avec des clignements d’œil, par les esclaves et les eunuques. »

Or, Abalhassan venait à peine de donner ces explications à son ami Ali ben-Bekar, qu’une petite esclave entra qui s’approcha tout près d’Abalhassan et lui dit à l’oreille : « Ma maîtresse Schamsennahar

  1. Soleil d’un beau jour.