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histoire de ben-bekar et de schamsennahar
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grosses perles et de pierreries. Son visage était voilé d’une voilette transparente, et ses yeux apparaissaient splendides à travers ! La peau de ses mains était à la vue aussi douce que la soie même et reposante dans sa blancheur, et ses doigts, lourds de diamants, n’en paraissaient que plus fuselés. Quant à sa taille et à ses formes, on pouvait les deviner merveilleuses à en juger par le peu que l’on pouvait voir.

Lorsque le convoi fut à la porte de la boutique, la jeune femme, s’appuyant sur les épaules de ses esclaves, mit pied à terre et entra dans la boutique en souhaitant la paix à Abalhassan, qui lui rendit son souhait avec les marques du plus profond respect et se hâta d’arranger les coussins et le divan pour l’inviter à y prendre place, et se retira aussitôt, un peu plus loin, pour attendre ses ordres. Et la jeune femme se mit à choisir négligemment quelques étoffes à fond d’or, quelques orfèvreries et quelques flacons d’essence de roses ; et, comme elle n’avait pas à se gêner chez Abalhassan, elle releva un instant son petit voile de visage et fit ainsi briller, sans artifices, sa beauté.

Or, à peine le jeune prince Ali ben-Bekar eut-il aperçu ce visage si beau qu’il en fut frappé d’admiration, et une passion s’alluma au fond de son foie ; puis comme, par discrétion, il faisait mine de s’éloigner, la belle adolescente, qui l’avait remarqué, elle aussi, et avait également été secrètement remuée, dit à Abalhassan de sa voix admirable : « Je ne veux pas être cause du départ de tes clients. Invite donc ce jeune homme à rester ! » Et elle sourit adorablement.

À ces paroles, le prince Ali ben-Bekar fut au com-