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les mille nuits et une nuit

khalifat lui-même finit par le remarquer ; et, dès qu’il le vit, il l’aima pour ses bonnes manières et sa jolie figure si avenante et son teint si tranquille ; et il lui donna libre accès au palais, à toute heure du jour ou de la nuit ; et comme le jeune Abalhassan joignait à toutes ses qualités le don du chant et de la poésie, le khalifat, qui ne mettait rien au-dessus d’une belle voix et d’une jolie diction, le faisait souvent venir lui tenir compagnie à table et lui improviser des vers aux rythmes parfaits.

Aussi la boutique d’Abalhassan était-elle la plus connue par tout ce que Baghdad contenait de beaux jeunes gens d’entre les fils des émirs et des notables, et de femmes des nobles dignitaires et des chambellans.

Or, l’un des habitués les plus fervents de la boutique d’Abalhassan était un jeune seigneur qui était devenu l’ami tout à fait particulier d’Abalhassan, tant il était beau et attirant. Il s’appelait Ali ben-Bekar, et descendait des anciens rois de Perse. Il avait une taille charmante, un visage aux joues fraîches et rosées, des sourcils d’une ligne parfaite, des dents souriantes et un parler délicieux.

Un jour donc que le jeune prince Ali ben-Bekar était assis dans la boutique à côté de son ami Abalhassan ben-Tâher et que tous deux causaient et riaient, ils virent arriver dix adolescentes, belles comme des lunes, qui en entouraient une onzième montée sur une mule harnachée de brocart avec des étriers d’or. Et cette onzième était couverte d’un izar de soie rose, que serrait à la taille une ceinture brodée d’or, large de cinq doigts et incrustée de