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histroire des animaux… (le moineau)
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collante et putréfiée ! Et le moineau fondit sur le dos de ce mouton et voulut l’enlever, sans plus. Mais, dès son premier mouvement, ses pattes furent emprisonnées dans les flocons de laine, et il resta lui-même le prisonnier du mouton. Alors le berger accourut et s’empara de lui et lui arracha les plumes des ailes et, l’ayant attaché par le pied avec une ficelle, le donna comme jouet à ses petits enfants, et leur dit : « Regardez bien cet oiseau ! C’est un qui a voulu, pour son malheur, se comparer à plus fort que lui ! Aussi il est châtié par l’esclavage ! »


« Et toi, ô renard perclus, tu veux maintenant te comparer à moi, puisque tu as l’audace de me proposer ton alliance ! Allons ! vieux rusé, crois-moi, tourne ton dos au plus vite ! » Alors le renard comprit qu’il était désormais inutile d’essayer de duper un individu aussi averti que l’était le corbeau. Et, dans sa rage, il se mit à grincer si fort des mâchoires qu’il se cassa une grosse dent. Et le corbeau, narquois, lui dit : « En vérité, je suis peiné que tu te sois cassé une dent à cause de mon refus ! » Mais le renard le regarda avec un respect sans bornes et lui dit : « Ce n’est point à cause de ton refus que je me suis cassé cette dent, mais bien de honte d’avoir trouvé plus malin que moi ! »

Et, ayant dit ces paroles, le renard se hâta de déguerpir pour aller se cacher.

— Et telle est, ô Roi fortuné, continua Schahrazade, l’histoire du corbeau et du renard ! Elle a été un peu lon-