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les mille nuits et une nuit

mille malédictions qui retentirent à vide dans la maison silencieuse. Puis, après s’être tourné et retourné, il essaya de se rendormir. Mais il comptait sans l’ennemi ! En effet, la puce, à la vue du marchand qui s’entêtait dans son lit, revint à la charge, furieuse à l’extrême, et cette fois alla le piquer de toute sa force à cet endroit si sensible qu’on nomme le périnée.

« Alors là le marchand sursauta en hurlant et rejeta loin de lui couvertures et vêtements et courut jusqu’au bas de sa maison, près du puits, où il s’imbiba d’eau froide, et il ne voulut plus réintégrer sa chambre, mais s’étendit sur le banc de la cour pour y passer le reste de la nuit.

« Aussi la souris put en toute facilité transporter dans son gîte tout l’or du marchand ; et quand vint le matin il ne restait plus un seul dinar dans le sac.

« Et c’est ainsi que la puce sut reconnaître l’hospitalité de la souris et l’en dédommagea dans une mesure au centuple !


» Et toi, ô corbeau, continua le renard, j’espère que tu verras bientôt la mesure de mon dévouement à ton égard, en retour du pacte d’amitié que je te demande de sceller entre nous ! »

Mais le corbeau lui dit : « En vérité, seigneur renard, ton histoire est loin de me convaincre. Et puis, après tout, on est libre de faire ou de ne pas faire le bien, surtout quand ce bien doit vous être une cause de calamités. Or, c’est bien le cas ici. En effet, tu es réputé depuis longtemps pour tes perfidies