et, lorsqu’il les eut tous vérifiés, il les cacha sous son oreiller et s’étendit sur le lit et s’endormit.
« Alors la souris courut trouver la puce et lui raconta ce qu’elle venait de voir et lui dit : « Voilà enfin pour toi l’occasion de me venir en aide, et cela en transportant avec moi ces dinars d’or du lit du marchand à mon gîte ! » À ces paroles, la puce faillit s’évanouir d’émotion, tant la chose lui parut exorbitante, et elle dit tristement à la souris : « Mais tu n’y penses pas, ô souris ! ne vois-tu pas ma taille ? Comment pourrais-je transporter sur mon dos un dinar, alors que mille puces réunies ne sauraient le faire bouger seulement ? Pourtant je puis certes t’être ici d’une grande utilité, car je me charge, moi puce, telle que je suis, de transporter le marchand lui-même hors de sa chambre et même de sa maison ; et alors tu deviens la maîtresse de la place, et tu peux tout à ton aise, et sans te presser, transporter les dinars dans ton gîte ! » Alors la souris s’écria : « C’est juste, brave puce, et vraiment je n’y pensais pas ! Et pour ce qui est de mon gîte, il est assez vaste pour contenir tout cet or ; et, de plus, j’y ai ménagé soixante-dix portes de sortie pour le cas où l’on voudrait m’y enfermer et m’y murer ! Hâte-toi donc de combiner ce que tu m’as promis ! »
« Alors la puce, en quelques sauts, fut sur le lit où dormait le marchand et se dirigea droit à son cul et là le piqua comme jamais puce n’avait piqué un cul d’homme. À cette piqûre et à la douleur lancinante qui s’en suivit, le marchand se réveilla en portant vivement la main à son endroit honorable, d’où la puce s’était hâtée de s’éloigner, et se mit à lancer