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histroire des animaux… (la puce, la souris)
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MAIS LORSQUE FUT
LA CENT CINQUANTE-UNIÈME NUIT

Elle dit :

« En effet, le trou dans lequel s’était réfugiée la puce était le gîte même de la souris. Aussi lorsque la souris vit ainsi entrer la puce chez elle avec ce sans-gêne, elle fut extrêmement offusquée et lui cria : « Que viens-tu faire chez moi, ô puce, toi qui n’es ni de mon espèce ni de mon essence, et dont on ne peut attendre que du désagrément, parasite que tu es ! » Mais la puce répondit : « Ô souris hospitalière, sache que si j’ai envahi si indiscrètement ton domicile, c’est malgré moi et pour échapper à la mort dont je suis menacée par la maîtresse de la maison ! Et tout cela pour un peu de sang que je lui ai soutiré ! Il est vrai que ce sang était de première qualité, et moelleux et tiède à ravir et d’une digestion merveilleuse ! Je viens donc recourir à toi, confiante dans ta bonté, et te prier de m’accepter chez toi jusqu’à ce que le danger soit passé. Aussi, loin de te tourmenter et t’obliger à fuir ton domicile, je t’aurai une gratitude si marquée que tu remercieras Allah qui a permis notre réunion ! » Alors la souris, convaincue par la sincérité d’accent de la puce, lui dit : « S’il en est vraiment ainsi, ô puce, tu peux sans crainte partager mon gîte et vivre ici dans la tran-