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histoire du roi omar … (aziz, aziza)
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total de nouvelles de l’inconnue. Et Aziza me dit : « Ô Aziz de mes yeux, je puis, sans hésiter, t’annoncer que tu arriveras à tes fins ; car ce n’est là qu’une épreuve que l’adolescente fait subir à ta patience pour voir la force de ton amour et ta constance à son égard. Aussi, dès demain, hâte-toi d’aller t’asseoir sur le banc, sous sa fenêtre, et sûrement tu trouveras une solution au gré de tes désirs ! » Puis ma cousine m’apporta un plateau chargé de porcelaines remplies de mets ; mais je repoussai le tout avec brusquerie, et toutes les porcelaines sautèrent en l’air et roulèrent de tous côtés sur les tapis. Et je signifiai de la sorte que je ne voulais ni manger ni boire. Alors, ma pauvre cousine ramassa soigneusement et en silence les débris qui jonchaient le sol et essuya les tapis, et revint s’asseoir au pied du matelas sur lequel j’étais étendu ; et elle ne cessa, durant toute la nuit, de me faire de l’air avec un éventail en me disant des paroles gentilles et caressantes, avec une douceur infinie. Et moi je pensais : « Quelle folie d’être amoureux ! » Enfin le matin parut et je me levai en toute hâte et me rendis dans la ruelle sous la fenêtre de l’adolescente.

Or, à peine m’étais-je assis sur le banc que la fenêtre s’ouvrit et devant mes yeux éblouis apparut la tête délicieuse de celle qui était toute mon âme. Et elle me souriait de toutes ses dents d’un sourire savoureux. Puis elle disparut un instant pour réapparaître tenant entre les mains un sac, un miroir, un pot de fleurs et une lanterne. Et voici ce qu’elle fit : d’abord elle introduisit le miroir